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mardi 4 décembre 2018

Gilets jaunes


 
Alors aujourd’hui voilà les Gilets Jaunes. S’il faut être surpris d’une chose c’est d’avoir attendu si longtemps pour en arriver là. Lorsqu’ils font tout pour revenir au monde d’hier, celui du XIXe siècle, celui de l’Ancien Régime, nos dirigeants ne peuvent pas être étonnés de voir le peuple en revenir aux réactions violentes de ces époques. C’est leur manque de préparation et leur attitude face aux évènements qui étonnent ; comme s’ils ne connaissaient pas l’Histoire de leur pays.

Les barricades ont toujours pour origine des facteurs économiques, politiques, culturels, et sont toujours la réponse à des choix, des décisions, des élites dirigeantes. 1968, 1871, 1848, 1830, 1789,... On ne remontera pas aux Jacqueries, mais on pourrait. 

Economie

Pas la peine de faire long… C’est facile à comprendre. Pouvoir d’achat, chômage, salaire, CDI, CDD, coût de l’énergie, chasse au « gaspi », Réformes fiscales et du droit du travail… Celui qui écrit ces lignes est né en 1973, alors ces mots là, c’est niveau bourrage de crâne. Quand on ne pense plus à vivre mais seulement à survivre, quand on a été bien dociles pendant plus de 40 ans, que l’on a fait tous les sacrifices imposés par tous les gouvernements depuis la fin des « années glorieuses », que l’on vous a promis une vie meilleure pour vos 60 ans, que vous avez cotisé pour ça, et que finalement on vous fait comprendre que vos beaux jours il faudra vous les réserver pour votre mort, que vous réalisez amèrement que vos enfants et petits-enfants vivront encore moins bien que vous, que vous n’avez tout bonnement plus rien à vous mettre dans l’assiette, quand vous apprenez que le patron qui vous a « restructuré » pour relancer la compétitivité de votre boîte et qu’il en a touché des millions et que ce n’était pas encore assez pour lui au point de se comporter comme un vulgaire escroc, quand vous ne regardez plus vers le haut mais que vous craignez de finir encore plus bas,… ça vous met « un peu en rogne », vous estimez votre colère légitime, ça vous donne envie de tout casser car vous n’avez plus rien à perdre, surtout que vous voyez que d’autres parmi les moins nombreux et toujours les mêmes tirent de savoureux bénéfices de ces années de soi-disant « crise ».

Politique

Pas la peine de faire très long non plus… « Les promesses n’engagent que ceux qui les écoutent » disait un président de ces années là. Eh bien, ils, vous, nous, eux, les Gilets Jaunes, les abstentionnistes, ne veulent plus écouter. Les programmes électoraux depuis presque 50 ans sont remplis de plein-emploi, de lutte contre le chômage, de pouvoir d’achat, de changements,… Alors soit notre classe politique est incompétente : elle ne peut en rien lutter contre les maux économiques ; soit elle est malveillante : elle ne veut pas le faire, car elle trouve un intérêt à cette situation… (Le chômage ne serait-il pas très pratique finalement ?) Incompétence ou malveillance… au final du côté du citoyen c’est gilet jaune et jaune gilet. 

On a résumé le rôle du citoyen à son passage dans l’isoloir… mais quand il donne clairement son avis, qu’il dit « non » (petit mot emblématique de la résistance, de l’avertissement…) et sur un sujet aussi important qu’un traité institutionnel qui va directement bouleverser son existence, eh bien, on nie son refus, on le biffe… Nos dirigeants, nos députés, nos représentants, tous, réunis en Congrès dans le palais des rois, ont bafoué le Suffrage Universel. Ils ont bafoué la souveraineté nationale. La puissance législative appartient au peuple et ne peut appartenir qu’à lui… non ? Et si les Gilets Jaunes de 2018 c’était aussi un peu une réaction consciente ou inconsciente à ce coup d’Etat de 2008 ? Comment peut-on être étonné de voir cette colère de citoyens obligés de subir les conséquences d’une politique européenne qu’ils ont pourtant clairement refusée ?

Macron président. Et si les Gilets Jaunes, c’était aussi la réaction à ce simulacre d’élection présidentielle ? Avez-vous vraiment eu le choix ? Un président par défaut, (et Macron n’est pas le premier), parce que le scrutin a été, comme c’est presque toujours le cas depuis longtemps, confisqué par l’épouvantail de l’extrême droite, peut-il être un bon président ? Comment unir ? Comment fédérer ? Et puis ceux qui étaient vraiment convaincus par le FN, n’ont-ils pas réalisé, brutalement, pendant le débat de l’entre deux tours, que leur chef de file ne voulait pas le pouvoir : tant d’incompétence, d’amateurisme, avec toutes les bardées de conseils et de communicants, est-ce vraiment possible ? Certains qui croyaient sincèrement en cette voie, n’ont-ils pas découvert subitement la supercherie de ce parti ?

Résistance et Obéissance : les deux vertus du citoyen. Le problème n’est pas que le peuple ne veut plus obéir : c’est qu’il ne peut plus. Obéir à quoi ? A Qui ? L’exemplarité, est-ce vraiment superflu quand on exige le respect, l’obéissance à la Loi? Nos élites dirigeantes ne sont même pas capables de s’imposer ce qu’ils veulent imposer à la masse. Ils ne peuvent même pas respecter le préambule et les deux premiers articles de notre Constitution… (Vous pouvez lire notre charte aussi tiens à ce sujet, si vous voulez rire un peu). 

L’indépendance et la pluralité de l’univers médiatique, journalistique, c’est important pour un climat politique serein et on peut s’interroger sur la présence systématique de certains experts-chroniqueurs-débateurs sur les antennes, dans les colonnes, distillant toujours les mêmes paroles et trouver suspect le silence des journalistes-animateurs face à certains propos de certains hommes politiques qui récrivant l’histoire, les faits, nous donnent l’impression d’être dans « 1984 ».

Culture. 

On peut aller vite aussi sur ce point. Tout le discours politique ne se résume plus qu’à l’économie… Même les tueries de masse dans nos écoles et dans nos salles de concert ne font pas le poids face à chômage et pouvoir d’acheter. Certains s’étonnent des réactions du « peuple » (on sent qu’ils se retiennent de dire « populace »). Mais peut-on s’étonner quand on ne lui a donné pendant longtemps comme horizon indépassable que la possession de biens matériels ? Quand il ne peut plus s’acheter tablette, smartphone, et autres gadgets, que reste-t-il à l’homme consommateur pour remplir une existence soumise à  la publicité ? C’est un lieu commun de qualifier notre société de société de consommation mais c’est aussi un choix politique. Ce n’est pas une fatalité. 

Quel rôle donne-t-on à l’école depuis de nombreuses années ? Celui d’un lieu de formation sinon professionnelle au moins utilitaire. Où sont les Humanités ? Sans Humanités pas d’Espoir, pas d’élévation possible… c’est un peu rapide mais vous saisissez l’idée… 

Notre Président actuel n’a-t-il pas déclaré qu’il n’y avait pas de culture française ? Vous pensez sincèrement qu’il en est convaincu ? Vous n’avez pas l’impression qu’il se moque ? Ne voulait-il pas dire qu’il n’y a pas de « culture française »… pour « ceux d’en bas » ? Domaine réservé que la culture : « qu’ils se préoccupent de survivre, c’est déjà ça ; le théâtre, la philosophie, la littérature, le cinéma, les arts, les musées… pure perte de temps pour les gueux ». 

Cela ne vous agace pas, vous, de les entendre sempiternellement parler de « pédagogie » ? Cette infantilisation des citoyens n’est-elle une profonde marque de mépris. Résistance, Obéissance, les vertus citoyennes. Alors ? Est-il possible d’obéir en face d’une telle mésestime ou peut-on comprendre une volonté de résistance ? Encore une fois, l’exemplarité, est-ce vraiment une notion superflue ? Quels sont nos modèles culturels ? Notre société est-elle plus Johnny Halliday ou plus Victor Hugo ? Macron chez Hanouna : tout est là. 

Je viens de voir deux Gilets Jaunes face à une représentante du peuple estampillée « En Marche ». Cette dernière pourtant bien incapable d’en donner le montant affirmait fort qu’il ne fallait point augmenter le salaire minimum de notre pays. Pédagogie disent-ils ? 

Observer les bouleversements syntaxiques des propos présidentiels et l’appauvrissement de leur vocabulaire depuis les débuts de la Ve république est assez révélateur du dédain vis-à-vis du corps des citoyens. 


Economie, Politique, Culture… Pour finir en résumant et en se répétant : nos élites dirigeantes, n’ont pas compris que le peuple voyait clair dans leur jeu ; elles n’ont pas compris qu’elles étaient observées. La misère regarde Jupiter et Jupiter ne voit pas la misère. La catastrophe est donc inévitable. Vouloir revenir au modèle social du passé, (les « possédants », les « honnêtes gens », « les privilégiés » contre « la masse », « la meute », « les gens d’en bas »), conduit à un retour des soubresauts, des insurrections, des révoltes. Ceci produit cela.

D.A. 

lundi 18 juillet 2016

Encore une fois...

Encore une fois…

Encore une fois, un attentat islamiste frappe notre pays.
Encore une fois, une tuerie de masse.
Encore une fois, la longue litanie de messages, sincères et touchants, de petits dessins poignants, tweets et posts d’anonymes ou de personnalités, niçoises, françaises ou étrangères, en signe de soutien à notre pays et à nos compatriotes, mais aussi touristes ou résidents, frappés de plein fouet.
Encore une fois, des Marseillaises, des drapeaux en berne, des minutes de silence, des rassemblements.


Me concernant, en 18 mois, sous la pluie, le soleil, le froid ou le vent, trois fois avec mes collègues nous sommes descendus, gauchement, sur le trottoir, immobiles, ne sachant pas trop quoi faire de nos bras, n’osant nous chercher du regard, pour une minute de silence (qui dure 2 ou 4 minutes, nul n’osant la briser).

Eh bah, je sais pas vous, mais moi j’en ai marre.

Marre des dessins, marre des slogans, marre des minutes et marre des drapeaux en berne.

C’est très bien, il faut être compatissant, je le suis, je l’ai été, mais ça ne suffit pas.

Car maintenant que mon profil facebook est noir ou que j’ai envoyé des « je suis niçois », je fais quoi ? On fait quoi ?

Il faut être, dussé-je le rabâcher, intraitable avec nos ennemis.

Ça suppose, selon moi, un préalable : de la cohérence.

On se dit de Droite ? Fort bien. On se dit de Gauche ? Encore mieux. On se dit même, allez, du Centre ? Va bene. Mais se dit-on cohérent ?

Comment peut-on, lorsqu’on est, en théorie, descendant du gaullisme, se précipiter à une messe médiatique dès le 15 juillet ? Quel message, quelle « storytelling » nourrit-on ? On veut flatter l’électorat conservateur attaché aux valeurs chrétiennes de notre pays ? Mais les valeurs, ça ne se montre pas à la télé, ça se pratique, ça se porte, ça s’incarne.

Etre un ancien Président, et donc un homme d’état, cela incombe de la retenue, de la mesure, et pas de la bassesse électoraliste, pour des pseudo-calculs à courte- vue, des calculs perdants d’ailleurs mais j’y reviendrai.

Donc en faisant cela, on laisse passer le message que pour répondre à l’obscurantisme de certains religieux, on opposera la bonne parole d’une autre religion : quid des autres pratiquants qui ne reconnaissent pas dans les premiers ? Quid de tous ceux qui ne se reconnaissent dans aucune des deux religions, qu’ils en pratiquent une autre ou pas d’ailleurs ? quid même des prélats et de leurs ouailles qui se voient captifs d’une sorte de meeting bis ?

Mais à Gauche, que fait-on ? On réplique illico à toutes les mesquines, pour ne pas dire indécentes, attaques de la Droite, et ainsi continue le ping-pong… N’ont-ils donc rien retenu eux aussi des images catastrophiques de l’Assemblée Nationale qui se déchirait quelques jours après les attentats dits du Bataclan, dès le lendemain du Congrès Versailles en Novembre dernier, devant la Nation ?

Cela vaut il donc la peine de s’abaisser au niveau de la Droite en de pareilles circonstances ?

Quelle mémoire de poisson rouge !

Mais cela, c’est, me direz-vous, l’écume des choses, étant entendu qu’hélas la majorité de nos concitoyens ne s’arrête plus vraiment sur les errements verbaux de nos politiques, à regret.

Alors, avec ça, comment répondre, pour nos gouvernants, à la menace qui n’en est plus une depuis 2012, à la réalité de cette guerre (guerre, conflit, guerre asymétrique…je laisse ces débats à d’autres : pour moi il s’agit bien là d’une guerre) ?

Compliqué.

Eh bien, on repart de la base.

Partons du principe que tout ne peut pas venir, et ce dans bon nombre de domaines, du haut de la pyramide. Des élites, il en faut, des modèles, on en a besoin, mais c’est à nous de nous bouger pour qu’ils se bougent, pas l’inverse. Ça ne marche pas, ça ne marche plus.

Et donc, on reste solide, soudé, mais intraitable.

Ce message étant sur facebook, commençons donc par-là : plus de blabla, du concret.

Militez, engagez-vous qui dans un parti pour le changer de l’intérieur, qui dans un syndicat, une association, ou mieux encore, à la croix-rouge, chez les pompiers, les forces de l’ordre… : chacun peut aider son prochain dans la mesure de ses moyens.

Et surtout portons ensemble nos valeurs ancestrales, nos 3 mots qui terminent en –té comme dirait l’autre, en ajoutant le quatrième, qui est le plus mis à mal : la laïcité.

Si la Droite, on l’a vu, n’est pas claire, force est de constater, de déplorer, que la Gauche ne l’est pas plus.

Idiots utiles ?

Car de petits bassesses en grands aveuglements, chacun pourra mettre des noms connus, là n’est pas mon propos, nous constatons partout des reculs sur nos valeurs. Pourquoi le taire ?

Comme le disait quelqu’un de tout sauf laïque : « N’ayez pas peur !».

Peur de quoi ? Oui de quoi avons-nous trop souvent peur à Gauche ? D’être taxé de raciste, l’insulte suprême.

Combien, combien de camarades vois-je si prompts à se révolter, selon moi à raison d’ailleurs, contre les injustices sociales même, voire surtout, quand elles sont portées par notre camp, mais rester plus que silencieux ou frileux devant la crainte d’être accusé de « faire des amalgames » et, partant, « le jeu du FN » ?

Pourquoi ?

Il y a des « Territoires perdus de la République » ? Une « France périphérique ? » Une « Insécurité culturelle » ? Un « Silence coupable » ? Une « Génération Radicale » ?

« Non… » ou au mieux « Oui, mais … » me rétorqueront bon nombre de camarades de mon parti (quand les œuvres citées entre guillemets sont pourtant issues des rangs de la gauche pour la plupart) ou de partis alliés.

C’est pourquoi la Gauche Laïque et Républicaine, se doit de répondre : « oui ». Pas pour s’y résoudre et s’en contenter, naturellement, mais pour le combattre et le dépasser.

Car c’est vrai, deux attitudes sont à adopter : soit on se terre comme une autruche, mais en ce cas on n’avance pas, soit on le reconnaît et on avance, mais en ce cas on y laisse des plumes.

Mais les plumes, ça repousse.

Au fond, sinon, qui au bout du chemin sortira gagnant de tout cela ? L’actuel premier parti de France (lors des derniers votes, et dans tous les instituts de sondage, la drogue dure de nos médiacrates et décideurs) : le FN.
Peu d’aide à attendre pour la Gauche de la part de la Droite, comme on l’a vu plus haut : tous les calculs à courte-vue de la plupart des leaders de Droite qui souhaitent être plus à droite que moi tu meurs, ne marchent pas : les gens préfèreront toujours l’original à la copie.

Et moi, comme tous les combattants anti-racistes et féministes, je ne souhaite pas me résoudre à la victoire du FN, ce qui j’ose le croire est partagé par tous à Gauche.

Alors, évidemment, il y aurait aussi énormément à dire sur nos mass médias, qui 90% du temps se font les meilleurs fondés de pouvoir de l’abrutissement des foules, sur bon nombre de sujets (tout est fric, paillettes, sensationnel et sans recul, sans dignité ni déontologie comme ce carnage l’a encore démontré ce week-end) et particulièrement celui-là, là encore c’est au citoyen d’agir : il n’est pas qu’électeur, il est consommateur, zappeur, lecteur…ou pas.

Regardez, ce n’est qu’un timide début mais France Télévision s’est excusée publiquement devant le tollé suscité par des téléspectateurs (financeurs avec leurs impôts qui plus est) devant leur traitement indigne de l’info.

Alors, oui, c’est possible, c’est compliqué, c’est long… mais en faisant bloc, en se serrant les coudes, il y a de quoi faire, vraiment ça vaut le coup, putain, largement, pour nous comme nos gosses, faut y aller, ensemble.

NB : désolé pour la longueur, j’étais pour ma part assez incapable d’écrire calmement ce w-e, préférant laisser passer la minute de silence et que ma colère s’estompe un peu.


SM